Les députés vaudois ont pu tirer mardi à Yverdon-les-Bains le bilan de 2 mois de gestion de crise pandémique après cinq séances d’interruption forcée. Le député Jérôme Christen s’est exprimé au nom du groupe PDC Vaud Libre et a fait un lien entre la mise à mal de la biodiversité et le coronavirus, puis évoqué la nécessité de tirer des enseignements non seulement en matière de gestion de crise pandémique, mais également sur le fonctionnement général de notre société. En conclusion, il a déclaré qu’il importait maintenant de surmonter cette crise sans fortes restrictions des libertés, sans autoritarisme et dans le respect de l’Etat de droit.
Voici l’essentiel de sa déclaration:
Nous considérons que cette crise a été dans l’ensemble bien gérée, même si tout n’a pas été parfait et qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour ne laisser personne au bord de la route et passer ce cap difficile. Nous sommes bien conscients que nous faisons face à une situation inédite pour laquelle nous n’avons pas de réponse toutes faites, pour laquelle nous devons jour après jour prendre de nouvelles orientations qui peuvent donner l’impression d’un manque de maîtrise dès lors qu’elles changent parfois de manière intempestive. Mais il convient de le redire, face à l’inconnu il faut parfois tenter des expériences, puis y renoncer et changer d’orientation si elles ne sont pas concluantes. Nous devons aussi tenir compte du fait que le Conseil d’Etat a parfois été pris entre le marteau et l’enclume, soit entre les décisions de la Berne fédérale et les communes ainsi que la réalité du terrain.
De manière générale, nous avons le sentiment que la gestion de la crise a été bonne même si nous étions très mal préparé à cette pandémie alors que toutes les conditions étaient pourtant réunies pour pouvoir mieux l’anticiper. Il y aurait des choses à dire sur notre degré d’impréparation, mais il conviendra d’en faire le bilan plus tard entre les différents acteurs concernés pour comprendre pourquoi nous n’avons pas été capables de respecter certains points du plan pandémie qui avait été pourtant établi de longue date par les autorités politiques et sanitaires fédérales.
Les excès de l’humanité sur notre écosystème

Photo: Agroscoope
Cette crise doit nous permettre de tirer des enseignements non seulement en matière de gestion de crise pandémique, mais également sur le fonctionnement général de notre société. Elle a mis en lumière les excès commis par l’humanité sur l’écosystème.
Notre incapacité à anticiper la pandémie, alors que les scientifiques nous avaient avertis, est comparable à celle qui s’annonce avec le dérèglement climatique si nous adoptons le même comportement. D’autant que nous pouvons établir un lien entre ces deux calamités. Notre impact sur la nature, la perte de biodiversité favorise l’émergence de virus alors que des mesures pour préserver notre environnement pourraient mieux protéger la santé humaine.
Etes-vous enfin prêts, chers collègues, à admettre, comme l’affirme le WWF, que la destruction des habitats et de la biodiversité rompt l’équilibre écologique qui limite les micro-organismes responsables de certaines maladies et crée des conditions favorables à leur propagation.
Il est étonnant de constater à quel point nous avons été capables d’accepter – très vite dans cette crise pandémique – des mesures drastiques en matière d’entrave à la liberté individuelle que nous n’avions jamais acceptées jusqu’ici pour protéger notre écosystème, alors que la seule pollution atmosphérique coûte 1,1 million de vies chaque année dans le monde. Sans parler des décès dus à la canicule, à la désertification et autres fléaux aggravés par les émission de Co2.
Tirer des enseignements sur le rôle de l’Etat
Certaines dispositions, comme les mesures d’interdictions du chauffage à mazout et du plastique jetable en regard des restrictions de liberté individuelles que nous venons de subir, paraissent aujourd’hui bien dérisoires. Il est donc essentiel que nous tirions des enseignements sur le rôle de l’Etat, dans le domaine de la santé et de l’environnement. Cette crise doit aussi nous alerter sur la question de l’autonomie que nous avons perdue avec les dérives de la mondialisation, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire et de la pharmacie. Mais ne vous méprenez pas, il ne s’agit pourtant pas de vous proposer de jeter le bébé avec l’eau du bain, car les virus se fichent de la mondialisation. Les pandémies sont très anciennes et n’ont pas attendu l’ère moderne des transports ou des échanges pour se propager, comme le soulignait récemment l’excellent journaliste Pierre Veya dans le Matin Dimanche.
Marchés alimentaires, mauvais perception de l’enjeu.
Pour ce qui est marchés alimentaires, nos cantons voisins ont été beaucoup plus efficaces dans l’application des exigences fédérales, où il n’a pas fallu une énorme débauche d’énergie et une lutte de tous les instants pour faire accepter des solutions pourtant conformes aux exigences de distanciation sanitaire. Un dossier qui aurait pourtant dû être considéré comme urgent compte tenu de l’enjeu pour un secteur économique très fragile avec des produits périssables et du mouvement populaire qui s’est manifesté en faveur de ses réouvertures. C’est comme si sur ce dossier, les autorités cantonales n’avaient pas saisi l’importance de l’enjeu.
Il importe maintenant de surmonter cette crise sans fortes restrictions des libertés, sans autoritarisme et dans le respect de l’Etat de droit.