Le Grand Conseil vaudois a refusé mardi d’accorder le droit de vote aux jeunes dès 16 ans. La proposition des Verts a été refusée d’un cheveu: par 71 voix contre 70 et 3 absentions. La gauche, des Vert’libéraux et Les Libres ont dit oui à un suffrage plus universel, mais cela n’a pas suffi. Deux abstentions chez les Verts ont fait la différence. L’idée fait son chemin puisqu’après Glaris, les parlements de deux autres cantons, Uri et Lucerne, en ont accepté le principe. Mais la députation vaudoise est plus frileuse.
Le paradoxe, c’est qu’en 2010, il y a donc plus de dix ans, une proposition analogue (droit de vote et d’éligibilité) avait été proposée par l’UDC et refusée par la gauche. Est-ce à dire que l’UDC sent que l’électorat jeune commencer à lui échapper au profit des Verts?
Comme en 2010, les Libres s’y sont montrés favorables et l’on exprimé par la voix de la députée bellerine Circé Barbezat Fuchs. Voici son argumentation:
En 1848, le suffrage universel de la jeune confédération hélvétique portait mal son nom, si je puis me le permettre; en effet, il concernait que 23% de la population, ce qui veut dire les citoyens masculins, âgés de 20 ans minimum qui payaient leurs impôts, qui n’étaient pas en faillite, ni mercenaires ni vagabonds ou encore qui n’étaient pas interdits des établissements publics.
Puis il y a eu la première grande évolution le 7 mars 1971 avec l’introduction du suffrage féminin qui a permis à l’autre moitié de la population de 20 ans et plus de s’exprimer dans les urnes. Et la dernière évolution d’envergure s’est déroulée le 3 mars 1991 avec l’abaissement du droit de vote à 18 ans par un oui porté par 72,7% de la population suisse.

La Landsgemeinde de Glaris
Au niveau cantonal, un seul Canton a abaissé le droit de vote à 16 ans, et cela depuis le 6 mai 2007, il s’agit du canton de Glaris. Ainsi, depuis 2007, les votants dès l’âge de 16 ans peuvent participer à la Landsgemeinde. Cette décision, prise il y a 14 ans pour essayer d’éradiquer l’exode des jeunes que ce canton connaissait. Depuis lors, les jeunes participent à la vie politique et cela tout en étant au gymnase ou en apprentissage.
D’autres initiatives cantonales ont été déposées notamment à Neuchâtel et dans le Jura mais malheureusement, elles ont été refusées par la population en 2020. En 2020 toujours, le parlement bernois a accepté une motion demandant la modification de la Constitution pour abaisser le droit de vote et le Conseil d’État vient de soumettre le projet à la députation qui devrait en débattre à l’automne.
Un autre canton en a pris sérieusement le chemin, puisque le parlement d’Uri a accepté (par 40 voix contre 15) une modification de sa Constitution en faveur du droit de vote à 16 ans, le scrutin cantonal va suivre. A Lucerne, le principe a également été accepté l’an dernier.
Au niveau international, et cela a été dit, des pays ont déjà abaissé l’âge du droit de vote à 16 ans avec parfois des nuances. Voici quelques exemples :
- L’Autriche dont 90% des jeunes entre 16 et 18 ans participent aux votations depuis 2007
- le Brésil et l’Argentine où le droit de vote ouvert dès 16 ans et obligatoire dès 18 ans
- la Slovénie où une personne âgée de 16 ans peut voter si elle occupe un emploi en tant que salariée ou en tant qu’indépendante.
Ainsi, nous ne sommes pas les seuls à débattre de cette question et cela montre que c’est une question d’actualité, 30 ans après le droit de vote à 18 ans. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les grands changement par rapport au droit de vote, en Suisse, se sont fait en l’année une d’une décennie, ne serait-ce pas un signe que 2021 rime avec le droit de vote à 16 ans ?
Vous l’aurez certainement compris, le groupe des Libres est en faveur de cette évolution et donc de l’abaissement du droit de vote. Certes, nous reconnaissons que la séparation des âges entre celui de l’éligibilité et celui du droit de vote amènerait de la complexité dans notre système politique. Certes, cela ferait des jeunes qui doivent penser votations tout en allant au gymnase ou en apprentissage mais depuis 1848, le suffrage universel a réussi à surmonter un bon nombre de difficultés – en 2021, par exemple, nous avons pu voter et élire nos autorités communales alors que nous étions toutes et tous interdits d’établissements publics…
Et comme le dit le proverbe « l’usage rend toute difficulté facile » …