Pierre Frey, historien de l’art et professeur honoraire à la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit de l’EPFL, s’est éteint, le 5 octobre dernier après avoir lutté avec courage et détermination contre la maladie. Pierre Frey était un ami des Libres, c’était un libre penseur. Il a d’ailleurs été le co-fondateur de La Tour-de-Peilz Libre qu’il a présidé de 2015 à 2017. A son épouse et à ses enfants, Les Libres adressent toute leur sympathie dans ces moments difficiles.
Son ami Yves Christen lui a rendu hommage lors de ses obsèques. Il a parlé «d’un homme au caractère entier et complexe, à l’intelligence vive, prêt à confondre la bêtise prétentieuse de façon impitoyable, mais bienveillant envers les humbles. Pierre avait un esprit rebelle, révolutionnaire voire anarchiste, partiellement repenti, aux manières d’aristocrate. Le professeur s’était arrondi sans jamais perdre un sens aigu de la justice sociale.»

Pierre Frey lors d’une distribution de tracts en faveur de la desserte de la gare de La Tour-de-Peilz. C’est le deuxième depuis la gauche entre Marc Wüthrich à gauche et Michael Rohrer à droite.
Né en 1949, Pierre Frey a suivi des études d’histoire de l’art, de géographie et de germanistique aux universités de Genève et de Lausanne. Après un doctorat en sciences techniques à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, il est devenu professeur à la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (EPFL, ENAC). « Sa carrière s’est articulée autour de la constitution, au sein de cette école, des Archives de la construction moderne dont il a fait une référence dans ce domaine particulier « rappellent les Éditions Actes Sud dans un communiqué, rappelant les nombreuses publications de ce spécialiste.
Ses obsèques se sont déroulées le mercredi 11 octobre. Son ami Yves Christen, membre de Vevey Libre, lui a rendu l’hommage que nous publions ici.
J’ai connu Pierre Frey il y a pres de 20 ans alors que j’ai été amené à présider l’Association des Archives de la Construction moderne dont il était l’initiateur. J’ai apprécié l’homme au caractère franc, le conservateur qui procédait avec ordre et méthode et le professeur d’une grande indépendance d’esprit et à la rigueur scientifique. Mais je parlerai ici de l’Homme. Au caractère entier et complexe, à l’intelligence vive, prêt à confondre la bêtise prétentieuse de façon impitoyable, mais bienveillant envers les humbles. Pierre avait un esprit rebelle, révolutionnaire voire anarchiste, partiellement repenti, aux manières d’aristocrate. Le professeur s’était arrondi sans jamais perdre un sens aigu de la justice sociale. Un personnage à la Saint-Just, sans sa face violente, voltairien dans ses élans irascibles, mais au coeur tendre et à la sensibilité à fleur de peau. Estimé de ses pairs, apprécié de ses amis, craint et respecté de ses contradicteurs, il ne laissait pas indifférent.
Il avait acquis une grande culture dans ses activités d’enseignant et a su transmettre sa passion pour tout ce qui touche au bâti, à la construction et à l’espace. Il avait la main intelligente, la mécanique n’avait pas de secret pour lui et il savait appréhender la matière, ce qui est rare pour l intellectuel qu’il était, mais qui ne se considérait pas comme tel.
C’est un peu trop de dire qu’il était une sorte de génie universel, mais au moins un homme capable de comprendre son environnement à travers toutes ses connaissances des sciences humaines et des sciences dures. Malgré toute la logique de son raisonnement, il y avait chez ce personnage hors du commun quelque chose d’irrationnel, d’inattendu. Une part cachée qu’il emporte avec lui.
Ses coups de gueules donquichottesques nous manqueront et nous pleureront cet ami fidèle qui nous a tant donné.
Nous pensons à ses fils et a son petit fils Devendra. Ils ont eu un père exigeant et un grand père aimant.