La Suisse doit renouveler le pacte qui lie les générations, entre l’époque de la vie où l’on se trouve en formation et celle de la retraite. Notre pays s’est construit sur une dynamique positive, consistant à assurer aux jeunes générations le droit à une formation de grande qualité, dans le cadre du monde professionnel ou académique. Texte publié par le quotidien 24 Heures le 13 octobre 2023 dans sa rubrique opinions.


De plus, cette formation est accessible pour une très large part gratuitement, ou à des conditions financières très abordables. Rien à voir avec les conditions d’accès à la formation supérieure aux États-Unis, par exemple, où les étudiants doivent s’endetter lourdement pour étudier.En contrepartie, les classes professionnellement actives, qui financent cette formation pour toutes et tous, s’attendent à pouvoir compter, plus tard, sur une retraite suffisante. Celle-ci est financée par la génération suivante, grâce aux participations prises sur des salaires souvent assez élevés, assurés par une formation de qualité.

Ce pacte doit être repensé, car l’équilibre entre générations change avec l’arrivée à la retraite de nombreuses personnes. Comment dès lors parvenir à continuer à financer à la fois une formation de qualité et des retraites suffisantes?Concernant la formation, plusieurs obstacles se sont formés ces dernières années, notamment le coût du logement durant les études et la difficulté à acquérir un revenu tout en étudiant. Il manque en Suisse beaucoup de logements pour apprentis et étudiants. La Confédération, avec les cantons, devrait développer un grand programme de financement de ces logements, à proximité des écoles professionnelles et universités. Ceux-ci auraient l’avantage de libérer des appartements utilisés en colocation, qui redeviendraient ainsi disponibles pour les familles.

Quant aux moyens de financer les études et formations, des bourses doivent être accessibles à toute personne qui ne peut les financer. Des prêts à taux 0 devraient aussi être disponibles, mais dans une proportion qui ne met pas les bénéficiaires en danger d’endettement problématique. Les incitations fiscales pour les parents doivent aussi être renforcées.Financement problématique.

En contrepartie d’une formation de grande qualité, les jeunes générations, dès leur entrée dans le monde du travail, financent les retraites de leurs aînés. Mais la durée de vie et la démographie rendent ce financement de plus en plus problématique. Or, il est inacceptable qu’une personne ayant travaillé toute sa vie ne puisse pas bénéficier de moyens suffisants pour vivre sa retraite.

La Suisse peut trouver des solutions pour éviter la paupérisation de ses retraités. La solution la plus innovante consiste à créer un fonds souverain, à l’image de ce que la Norvège a fait, par exemple. Financé par les immenses excédents de liquidités en monnaies étrangères de la Banque nationale suisse (dont elle ne sait que faire), il générerait des revenus suffisants pour compléter les retraites faibles et ainsi assurer une vie décente à chaque retraitée et retraité.