Le Grand Conseil vaudois a rejeté mardi le lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur le fiasco de la Fondation de Beaulieu. Cette déconfiture, qui a coûté plusieurs dizaines de millions de francs aux collectivités publiques, est «édifiante», a affirmé Jérôme Christen, l’un des deux députés ayant réclamé l’automne dernier l’institution d’une commission d’enquête parlementaire. «Un travail d’introspection est indispensable», a-t-il plaidé en vain. Voici son intervention au nom du groupe « Les Libres ».

« La déconfiture la gestion du Palais de Beaulieu est édifiante. C’est un échec monumental dans lequel plusieurs dizaines de millions ont été engloutis. Il n’est pas concevable de ne pas engager une commission d’enquête parlementaire (CEP) sur un tel objet (…)

Le cadre pas fixé

J’aimerais à ce stade rappeler les propos exprimés dans 24 Heures par l’économiste Bernard Jaquier : je cite « Si l’on a le souci d’une bonne gouvernance, une série de questions doivent se poser: quelles sont les compétences et les formations des membres du Conseil de Fondation? Quels sont les liens personnels entre eux? Combien de fois se réunissent-ils par année? Y a-t-il un spécialiste des expositions, des congrès et des manifestations? Et un spécialiste des finances? Comment sont-ils choisis, et par qui? Sont-ils suffisamment disponibles? Existe-t-il de possibles conflits d’intérêts? Quel est le degré d’indépendance des membres entre eux? Quels sont les liens entre les membres du CF et le directeur général? Comment ce dernier est-il choisi? Quels sont les mandats des membres du conseil en plus de leurs activités régulières? Quel est le degré de pénétration du politique dans la gestion économique? » Fin de citation.

A-t-on eu des réponses à ces questions ? Aucune !

  1. Jaquier concluait que tous les membres du Conseil de Fondation étaient responsables et devraient faire l’objet d’une enquête au même titre que l’ancien secrétaire général de la Fondation.

Le parlement co-responsable

S’il n’y pas de responsabilités pénales, il y a des responsabilités politiques et seule une commission d’enquête parlementaire pour les établir.
Nous l’avons déjà dit, mais il nous paraît essentiel de le répéter : Il est frappant de constater à quelle point le gouvernement, avec d’une certaine manière la complicité du parlement, a laissé engloutir des sommes faramineuses d’argent public dans la gestion du Palais de Beaulieu, arrivant chaque fois à convaincre que le salut était en point de mire.

Force est de constater que nous avons pêché par naïveté, manqué à notre devoir de surveillance. Et refuser aujourd’hui une CEP, c’est aussi ne pas assumer nos erreurs. Au-delà de la question des responsabilités, une CEP doit avoir pour but de comprendre où cela a pêché, de déterminer comment et pourquoi ce type de dérive s’est produite, où sont les manquements dans le contrôle et la maîtrise du paquebot et dans les erreurs de gouvernance pour ne plus les commettre à nouveau et en tirer les enseignements nécessaires.

Pour avancer, pour évoluer, il est indispensable de comprendre comment cela a pu se produire. Face à des dégâts d’une telle ampleur, nous pensons qu’un travail d’introspection est indispensable.

Relation de confiance mise à mal

Dans une démocratie, il est indispensable relation d’établir une relation de confiance entre les gouvernants et les administrés. Or ce genre de dossier met à mal cette relation de confiance. Cette perte de confiance est aggravée si les responsabilités ne sont pas reconnues et que l’autorité ne veut pas faire la lumière sur elles.

Il nous apparaît clairement aujourd’hui que le secrétaire général, même s’il a commis des erreurs, est un lampiste.

Il apparaît aussi, selon des constats de témoins internes qui mériteraient d’être vérifiés que les Bâlois engrangeaient les bénéfices et que l’ardoise était pour les Vaudois. Privatiser les bénéfices, étatiser les pertes, voilà la formule bien connue du néo-libéralisme.

Au vu du rapport du bureau, on doit se rendre à l’évidence : les partis gouvernementaux sont déterminés à protéger leurs conseillers d’Etat au-delà de toute considération du bien commun que constitue l’usage des derniers publics. On peut donc se demander s’il existe dans notre canton, un semblant de séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif.

Note: il faudra donc attendre le résultat des travaux de la commission de gestion pour relancer la question si nécessaire. Il serait également possible de confier le dossier à la Cour des comptes.

Plus d’infos sur ce lien avec la dépêche ATS publiée par 20 Minutes.

https://www.20min.ch/fr/story/debacle-de-beaulieu-pas-de-commission-denquete-parlementaire-743401525952