
Comme parfois dans notre parlement, l’intention est bonne, mais le remède est inadapté. C’est une proposition qui veut s’attaquer à un problème mineur par des mesures qui présentent des inconvénients majeurs. Il s’agit donc d’une fausse bonne idée.
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Avant de prendre une mesure, il convient d’en mesurer les effets colatéraux. Nous devons admettre qu’il n’est pas possible de tout contrôler et que l’imperfection fait partie de tout système et qu’elle ne peut pas toujours être prévenue. A quelques situations d’abus, on ne peut répondre par des mesures qui non seulement ne permettront pas de tous les prévenir, mais qui de surcroît vont entraîner d’autres abus. Pour la majorité, la pesée d’intérêt de fait aucun doute.
Comment pourrons-nous déterminer de manière claire les signatures collectées par des bénévoles et celles par des personnes rétribuées ?Les abus dans le cas de récolte de signatures pour des référendums et initiatives sont rares. Or interdire la récolte rémunérée constituerait une entrave à l’exercice de ces droits, en particulier pour des formations politiques et groupes d’intérêt dont les forces sont limitées et qui par exemple, ne peuvent s’offrir des distributions tout-ménages ou des actions publicitaires dans la presse bien plus onéreuses que l’embauche d’étudiants, souvent qui viennent d’ailleurs de l’interne de nos mouvements.
Incontrôlable
Qu’en sera-t-il de l’argent de poche que je mettrai dans la crousille de mon fils pour sa contribution à la récolte ? A partir de quel moment considèrerait-on que la récolte défrayée n’est pas autorisée et qu’il faut invalider les signatures et combien des signatures ? Mon exemple est bien sûr caricatural, mais où est la limite ?
On ne peut établir un lien ce causalité entre la récolte rétribuée et le mensonge. Rien ne garantit que le bénévolat et l’engagement militant soit exempt de tout reproche. Au contraire la limitation des moyens de collecte pourrait conduire à une compensation par des abus parmi les récoltants bénévoles.
Il importe avant tout de responsabiliser les citoyens qui ont de multiples sources d’information leur permettant d’éviter d’être trompés.
Le dernier mot appartient au peuple
Et enfin pour conclure quel est l’enjeu ? L’aboutissement d’une initiative ou d’un référendum de trop ? De toute façon, le dernier mot appartient au peuple, aux citoyens qui n’apprécieront pas le fait d’avoir été trompés et qui pourront même corriger le tir au moment de la votation populaire. Dans le monde de l’information instantanée que nous vivons, la contre-attaque face à des abus peut-être cinglante et nous sommes convaincus que le système finit par s’auto-réguler.
Pour relativiser encore l’enjeu de la question qui nous est soumise : lorsque vous êtes invités à signer une initiative ou un référendum, ne vous êtes-vous jamais dit, j’hésite un peu, mais dans le doute, je signe, je favorise un droit démocratique et je pourrais toujours corriger le tir au moment du vote populaire. Et lorsque vous êtes récoltant, ne tenez-vous pas le même discours à la personne qui hésite ?
Non à la déresponsabilisation
A force d’assister les citoyens et citoyennes, nous ne leur rendons pas service. Les protéger, c’est nécessaire dans certains circonstances, les déresponsabiliser nous conduit à fabriquer des moutons qui suivent bêtement le berger dans lequel un loup peut aussi se cacher. Ou même dans une grand-mère à qui le petit chaperon rouge à entière confiance.
De manière générale, encourager les citoyennes et les citoyens à faire les bons choix plutôt que les contrôler et vouloir faire leur bonheur malgré eux.
Le reportage de 24 Heures sur ce lien.
https://www.24heures.ch/remunerer-les-recoltes-de-signatures-restera-possible-656263139779