Les députés vaudois ont refusé hier mardi par 103 voix contre 17 et 16 abstentions, l’initiative de Vincent Keller (Ensemble à Gauche) qui voulait inscrire dans la Constitution: «Les transports publics sont gratuits sur tout le territoire cantonal.» Seuls les députés d’Ensemble à Gauche, du groupe PDC-Vaud Libre, la moitié des Vert’libéraux, quelques socialistes et quelques verts ont dit oui à cette mesure forte en faveur des transports publics. Le point de vue exprimé par le président du groupe PDC Vaud Libre, Jérôme Christen.

Les Verts ont déploré que le débat sur la gratuité des transports publics ne soit pas adossé à des véritables études ou à des chiffres qui nous permettraient de nous prononcer à connaissance de cause sur l’effet d’une telle mesure. Mais ce n’est pas possible à ce stade. Il n’appartient pas aux députés de réaliser des études ou de prendre à leur charge des études. Nous faisons des propositions et pour y donner suite ou non, le Conseil d’Etat s’appuie lui sur des études qui sont à charge de l’Etat. Il ne s’agissait pas de prendre une décision définitive, mais de demander au Conseil d’Etat qu’il vienne avec un projet fondé ou un contre-projet visant à mettre en œuvre un principe qui a pour but de réduire l’usage des énergies fossiles et leur cortège de nuisances.

Il est vrai comme l’ont dit les Verts que l’offre en transports publics joue un rôle important sur le choix du mode de transport. C’est une vérité de Lapalisse que de dire que sans offre ou avec une mauvaise offre, il n’y a pas usage des transports publics. Comme d’affirmer que le premier motif d’usage des transports publics, c’est la solution la plus commode. Mais à quoi sert-il qu’il existe une offre si elle n’est pas utilisée par ce que l’usager préfère faire usage d’un moyen de transport meilleur marché même s’il est polluant ou si a prix supérieur, il fait une pesée d’intérêt défavorable à la mobilité douce ? Pire, s’il n’est pas fait usage de cette offre, elle risque tout simplement de disparaître au profit de la mobilité motorisée et polluante.

Il faut être hors de la réalité de ce que vivent nombre de Vaudois et Vaudoises pour dire que le prix ou la gratuité ne va pas être déterminante sur le choix du moyen de transports. C’est ignorer la réalité d’une large partie de la population qui ne peut tout simplement pas s’offrir le luxe des transports publics ou qui ne veut pas faire y sacrifier d’autre dépenses jugées prioritaires.

Certes, la praticité, le temps de déplacement, jouent un rôle dans l’usage des transports publics. Les Verts ont même cité le confort comme motif de renoncement au transports publics. Il faut vraiment être privilégié pour dire que le confort est déterminant. La plupart de ceux qui hésitent sur le choix modal n’ont pas le choix du confort, mais doivent tenir compte de l’état de leur bourse.

La praticité et le temps de déplacement ne peuvent être améliorées que si l’offre s’élargit. Or pour justifier une meilleure offre, il faut un usage. Et pour provoquer un usage des TP, ces derniers doivent être plus compétitifs. Rien ne sert d’avoir des transports publics performants, si la population ne les utilise pas pour des raisons financières.

Le sommet de ce que nous avons entendu dans le débat, c’est la conséquence de la gratuité des transports publics. Les Verts craignent que cela conduise d’aucuns à abandonner la marche ou le vélo pour se tourner vers les transports publics. Je doute que les cas soient nombreux, Et même si cela pourrait arriver occasionnellement, qu’est-ce que cela peut bien faire ? De quoi se mêle-t-on? Qui donc pourrait décider à la place de chacun quel mode de transport il doit utiliser dès lors qu’il y a recours un mode de transport non polluant ? Cela me rappelle un député qui ne voulait pas d’escaliers roulants et sacrifier les personnes à mobilité réduite sous prétexte que cela conduirait des piétons à moins marcher…

Au nom des Verts, M. Räss a évoqué le fait que la gratuité profitera à des personnes qui ont suffisamment de moyens pour se l’offrir. Les Verts oublient de dire que ce que ces derniers ne paieront pas pour l’utilisation des transports publics, ils le paieront au travers de l’impôt qui financera ces transports publics. 

Rien ne sert d’accompagner des militants pour le climat dans la rue et de scander des slogans pour ensuite ne pas prendre les mesures qui vont dans ce sens. Encore une fois, il faut constater que les bonnes intentions affichées lors des récentes campagnes électorales n’étaient que du vernis, de la façade et que le parlement n’était pas prêt à prendre une mesure déterminante, à forte portée symbolique. C’est bien dommage.