Entretien avec Circé Barbezat-Fuchs
Devenir maman pendant la campagne, certains disent que c’est problématique…
Au contraire c’est une richesse, car cela permet de montrer que les femmes d’aujourd’hui qui travaillent, qui ont des enfants, peuvent s’engager dans une carrière politique. Ce sera une expérience intéressante, enrichissante, différente, puisque je devrais accoucher à fin février, donc vraiment au milieu de la campagne ! (NDLR: depuis l’entretien, une petite Eynola est née début mars) Mais avec les moyens modernes de communication, ça ne pose pas de problème insurmontable. Surtout, je pense être dans l’air du temps et j’ai envie de prouver qu’être enceinte n’empêche pas d’être candidate au Conseil d’État.
Que peut apporter une indépendante au Conseil d’État ?
Une indépendante au Conseil d’État apportera au gouvernement une vision moins dogmatique, éloignée des pressions d’un parti national. J’amènerai plus de pragmatisme, des solutions sans idéologies partisanes. Une indépendante permet de créer des ponts entre les différentes idéologies, en privilégiant les bonnes idées pour en faire un tout cohérent. Le maître-mot des indépendants c’est de trouver le consensus, le compromis à la vaudoise dans toute situation.
Quelles sont vos motivations personnelles pour aller au Conseil d’État ?
En étant au Conseil d’État, on peut faire avancer des projets, insuffler une vision, plus facilement qu’au sein d’un législatif. Je veux contribuer à trouver des solutions cohérentes au sein du collège gouvernemental, pour l’avenir du canton.
Quelle est votre vision pour le canton ?
Le point le plus important, c’est que l’on revienne à une dynamique qui va du bas vers le haut et ceci dans de nombreux domaines, notamment économiques, sociaux ou encore fiscaux.
Il faut soutenir les communes, non seulement à coup de subventions, mais surtout en les écoutant, en inversant la tendance.
À savoir, arrêter d’avoir des procédures administratives de plus en plus complexes. Il faut écouter vraiment les problèmes des communes parce qu’elles sont bien plus proches et sensibles au terrain que la machine étatique.
En quoi vos expériences sont-elles un atout ?
J’ai commencé plusieurs chemins d’études avant de trouver les sciences de l’antiquité et l’archéologie préhistorique. Je m’intéresse à énormément de choses. Au Conseil d’État, je pourrais apporter une vision dans le domaine de la formation, surtout le secondaire, le secondaire II, l’université et le lien entre apprentissage et études académiques…
Témoignage
Comment vous présenter Circé Barbezat-Fuchs sans faire référence au Chablais vaudois et plus précisément Bex, lieu de son enfance et de sa scolarité, où j’ai déjà pu la côtoyer en tant que Bellerine ?
J’aime à décrire Bex comme une commune multiculturelle, artistique, musicale, sportive, dans un bel écrin de nature. Voilà comment je pourrais aussi décrire Circé, avec toutes ses facettes :
- Femme engagée auprès de la jeunesse et de différentes communautés,
- Personne ayant de l’empathie pour les populations vulnérables,
- Femme impliquée politiquement dans sa commune, dans le Chablais et pour son canton, en tant que députée Libre qui cherche le consensus et les bonnes causes sans s’arrêter à la couleur politique.
Je suis fière qu’elle me représente au niveau cantonal, avec son franc-parler, grâce à ses multiples interventions et ses engagements pour les causes concrètes.
Représenter les périphéries demande une sacrée dose de « culot » pour faire entendre sa voix. Cependant, je sais qu’elle en est capable, elle qui est issue d’une des régions parfois écartées des décisions.
Je veux donc la soutenir, l’encourager et lui souhaiter le meilleur dans cette élection pour le bien des Vaudoises et des Vaudois.
Je vois où cela coince, où se trouvent les points de tensions et d’incompréhension et à quel moment on démotive des jeunes à choisir une voie manuelle par le seul fait qu’ils ont les capacités à aller au gymnase.
Par mes études puis par mon expérience au Grand Conseil, j’ai pu observer qu’il y avait énormément d’incompréhension dans les relations entre le monde scientifique et le monde politique. Ces deux mondes doivent travailler ensemble, mais ne se trouvent pas sur la même longueur d’onde. Nous sommes très peu à faire le pont entre ces deux mondes et c’est une force, selon moi, de comprendre ces deux modes de pensée. Je pourrais mettre en avant ma formation et mes centres d’intérêt notamment dans le milieu de la culture et du patrimoine. Enfin, j’ai une autre corde à mon arc, car je détiens une patente de restauration. En tenant une buvette, je vis de l’intérieur les difficultés et les tensions exercées sur le milieu de la restauration.
Vous êtes jeune et vous allez être mère, comment voyez-vous l’enjeu du réchauffement climatique ?
Chaque personne individuellement doit faire des efforts, mais le canton doit montrer l’exemple. Bâle-Ville a imposé la pose de panneaux solaires sur tous les toits. Dans certains cas, le canton doit être plus proactif et, au-delà d’une seule « promotion » de solutions, il doit imposer certaines règles. Les taxes poubelles ont incité la population vaudoise à passer au tri systématique, alors que précédemment, les gens n’y portaient pas une attention suffisante. La phrase : « Ce n’est pas nous qui choisissons, c’est la Confédération » n’est pas acceptable. Nous sommes un pays fédéral, nous ne devons pas toujours attendre que la Confédération prenne des mesures.
Bio express
☑ Mariée, belle-mère d’une fille de 9 ans et demi et future maman.
☑ Archéologue de formation, secrétaire générale et parlementaire des Libres, gestionnaire de la buvette de la Triennale Bex et Arts.
☑ 24 avril 1989 : naissance à Châtel-Saint-Denis et enfance à Bex.
☑ 2008 : Baccalauréat général littéraire, option latin.
☑ 2008-2016 : Vie neuchâteloise. Études en sciences de l’antiquité et de l’archéologie pré- et protohistorique.
☑ 2016 : Master à l’Université de Neuchâtel en Archéologie pré- et protohistorique dans le domaine de l’épistémologie et l’histoire de la recherche.
☑ 2016 : Retour à Bex, élue au sein du Conseil communal dans le groupe Ouverture.
☑ 2017 : Elue au Grand Conseil vaudois sur la liste de l’Alliance centriste du Chablais et début du mandat parlementaire au sein des Libres.
☑ 2019-2020 : Présidente du Conseil communal de Bex.
☑ 2020 : Mariage avec Christophe Barbezat.
☑ 2021 : Réélue au Conseil communal de Bex sous la bannière du groupement Avançons-Ouverture.
☑Février 2022 : Naissance prévue de mon premier enfant.
Mes engagements :
2010-2015 : présidente de Celtagora, Association des étudiants neuchâtelois en archéologie.
2012-2014 : représentante étudiante au Conseil de l’institut d’archéologie et représentante étudiante au Conseil de Faculté (Faculté des Lettres) de Neuchâtel.
2016-2020 : Présidente de l’Association le Minot (association du Centre des Jeunes de Bex).
2016-présent : Membre du Comité AABA (Association des Amis de Bex et Arts).
2018-présent : Membre du Comité du festival BD’ au Château.
2018-présent : Membre du Comité de la Nuit du Bex-Lier.
Au-delà des engagements associatifs, mes passe-temps principaux sont : marcher en pleine nature, découvrir des nouveaux lieux, des nouvelles cultures et visiter des lieux culturels et dévorer des livres. Je suis ce que l’on peut appeler une épicurienne et mon slogan pourrait tout à fait être Carpe Diem…